CR de Marc P.
Rdv sur le parking d’Intermarché à Seyssins : 6h00
La route de Villard Notre Dame évoque le film « Le salaire de la peur » tant elle est escarpée, étroite, sinuant sous des encorbellements en pleine falaise. Elle douche les voitures sous ses tunnels tortueux et sans éclairages. Quant à croiser quelqu’un, on n’en parle même pas !
A 7h25, nous voilà partis, skis sur le dos. La veille, j’ai compulsé tous les topos et CR de sorties disponibles pour en arriver à la conclusion qu’il vaut mieux monter par la forêt de Moularet plutôt que d’affronter le passage « officiel »de Pierre Grosse, glacé, étroit et exposé. Personne ne connaît, personne n’y voit rien à redire.
Le chemin ramène au fond d’un ravin. On traverse un torrent en équilibre sur des pierres. Le flanc nord est partiellement enneigé, pas suffisamment pour chausser les skis.
Sur la carte, un sentier longe le torrent un moment puis grimpe droit dans le bois de Moularet. 200m plus haut, il revient en arrière au flanc des barres pour franchir une passe qui donne sur le vallon du Lauzon. En théorie, c’est simple. Sur le terrain, ça l’est moins. Le sentier est à peu près visible au départ mais la neige s’impose vite et on le perd. On chausse, on attaque les conversions en se faufilant entre les arbres, à travers un bois aux pentes bien plus soutenues qu’imaginé.
Bientôt, une barre rocheuse continue dresse sa masse sombre au-dessus de nos têtes. Aucun passage n’est visible. D’après la carte, il est à gauche. Didier le confirme en faisant un point GPS : il faut revenir en traversée horizontale vers la gauche de près de 300m. Problème : c’est raide, il y a des ravins à traverser, le secteur est touffu et infesté d’arcosses.
Une question lancée me revient dans la figure comme un boomerang: où ai-je trouvé cette variante foireuse ? N’aurait-il pas mieux valu rester sur le tracé IGN officiel ?
Didier est devant : il trace, imperturbable, au travers d’un environnement hostile. On casse des branches, on les chevauche, on se plie en deux dessous, il faut parfois redescendre en escalier. Après une grosse demi-heure de gymkhana, une crête se dessine, la lumière se fait plus vive, de vieilles traces de ski apparaissent sur un chemin creux. Vers 1900, nous débouchons sur les grands espaces.
Les obstacles sont derrière nous, le soleil est là, aveuglant, il n’y a plus qu’à dérouler. Pentes douces, neige idéalement ramollie, nous rattrapons le temps perdu. A 2230, une pause s’impose à la petite cabane du Lauzon, construite de bric et de broc. L’intérieur est propre et parfaitement emménagé. (cuisinière avec bouteilles de gaz, table, bancs, 4 matelas en sous-pente…)
Nouvelle pause à 2530 pour boire car la chaleur devient pesante. La pente finale passe sans problème, le redressement sous la crête ne dépassant pas 35°. Bonne surprise au débouché de ce que nous pensions être un col : le cairn sommital est là, à 100m à peine, quasiment à la même altitude.
Descente sympathique en neige bien revenue jusqu’à 2200, à la bifurcation vers Pierre Grosse. Nous avons prévu de rentrer par là, histoire de voir ce qu’il en est.
Très vite, ça plonge et nous nous demandons à quelle sauce nous allons être mangés. Nous ne sommes pas déçus : sur 300 m de dénivelé, nous allons enchaîner les ressauts raides en neige dure, traffolée, tourmentée par les coulées antérieures, encombrée de boules. On évolue au ras d’un ravin dans un décor de falaises schisteuses dégoulinantes, de ravines instables, de dalles rocheuses sur lequel le manteau neigeux a commencé à glisser, formant des gueules de baleines. Plusieurs passages à 40° sont « tendus », étroits et exposés. On descend pour descendre mais le plaisir est passé à la trappe.
A 1800, en retrouvant nos traces du matin, on peut enfin se relâcher. On se dit que finalement, le cheminement du matin dans les bois n’était pas si mal. S’il fallait revenir, on éviterait la traversée infernale. Il aurait été plus plaisant de redescendre par là.
Nous retrouvons la voiture à 14h10. Il fait une chaleur estivale. Les bières, que nous sommes plusieurs à avoir apportées, sont mises au frais dans la fontaine.
On se change, on casse la croûte et on ouvre le bar.
Durée globale : 6h45 Dénivelé : 1300 m
Participants : Didier Deschamps – Pascal Robinet – Thierry Clément – Pascale de Larminat – Jean Luc Mias – Catherine Fourrier – Marc Papet