CR de Marc P.

 

RDV à 6h45 au péage de Montmélian. 

A Notre Dames des Millières, la route forestière n’en finit pas de tournicoter. Il faut 30 mn et 28 épingles pour arriver à la neige, sur la piste du Planney alt 1405 m.

Départ à ski de la voiture à 7h50. 50m après le gué 1409m, nous embrayons sur le raccourci. Malgré le mauvais regel, nous avons préventivement enfilé les couteaux car il monte « dré dans le pentu » à travers le taillis, sur  240 m de dénivelé. Les derniers mètres se font à pied car même les couteaux renâclent. Ce passage shunte  la piste forestière que l’on empruntera pour le retour : 2,5 km  qui n’en finissent pas avec 3 interruptions de neige. D’entrée de jeu,  on se met un bon coup de chaud mais l’affaire vaut le coup.

100m plus loin, pt coté 1689, on entre sans transition dans les grands espaces. Pentes tranquilles couvertes de 3 cm de poudre soyeuse. Philippe mène la danse ; ça déroule. Nous évoluons  dans un paysage à la Samivel : ondulations lascives du terrain, entrelacement d’épaules, ambiance cotonneuse de  courbes immaculées qui se fondent dans  la brume.

La bise  souffle sur les crêtes, elle  drope  les nuages.  La Dent du Corbeau ne fait que de fugitives apparitions. C’est inquiétant pour la suite !

L’itinéraire IGN aborde le col de Charvan ( 2162)  par des vires,   après un large crochet par la gauche. Nous prenons l’option directe, en montant par le couloir. Couteaux aidant, on optimise  au mieux l’approche. La pente  ne dépasse pas 35°, le grip est bon et  les quelques cm de fraîche ajoutent un confort appréciable.

Du col, une traversée descendante rejoint le pied d’une combe qui se redresse sévèrement sous  un collet de crête.  C’est un peu « au taquet » que nous en venons à bout. L’épaule neigeuse qui suit mène facilement au sommet, tout proche. ( 3h00 de montée / + 880 m)

Le soleil accorde des coups de projecteurs brefs et inopinés, le vent  ouvre sporadiquement de larges trouées de ciel bleu : visions  réjouissantes  mais tempérées par la grisaille qui s’étale sous nos pieds.

Nous abordons la descente avec circonspection car la visibilité ne dépasse pas 20 m. On devine plus qu’on ne voit les perspectives fuyantes de l’itinéraire. La neige est excellente, une neige de printemps adoucie par la couche récente.  Une éclaircie se précise et  nous plongeons  sans contraintes dans une succession de combes. 400 m d’exaltation !

La neige s’alourdit: à l’alt 1860, il est temps de repeauter. On grignote un bout pour remettre du carburant dans le moteur. Pascale nous sort ses délicieux nougats.

Il s’agit maintenant de rejoindre le sommet de la Thuile  dans un  paysage totalement opaque. Le secteur est dénué de pentes raides. Il faut juste monter tranquille, en tirant continuellement à gauche.

Petit instant de doute 300m plus haut  lorsque le brouillard refuse toute  concession supplémentaire. On y voit plus goutte ; où est la suite ? Thierry dégaine son GPS. Quelques lézardes de nuages sauvent la situation. J’ai le temps d’identifier la combe finale. A droite,  je reconnais le sommet et sa corniche sommitale caractéristique. On le tient !

La Thuile alt 2294 m,  +430 m de remontée.   Pause casse-croûte. Nous dégustons le gâteau sans gluten de Brigitte, aux arômes d’épices et de fleur d’oranger. Les nuages se déchirent comme jamais, la ligne de crête se dénude sans pudeur. Côté sud, Le Grand Arc apparaît, d’abord timidement, puis franchement. Côté Nord, la dent du Corbeau  pointe enfin un museau débarrassé de miasmes.   Après moultes tergiversations, le soleil  gagne la partie.

Un petit saut de corniche défend  le superbe couloir nord du versant ouest. Nos le dévalons sans vergogne jusqu’à recouper, vers 1950, les traces du matin. La neige est délicieuse. Elle s’empâte d’un coup à 1750: il est temps de récupérer la piste forestière en contrebas.

14h35 : nous ôtons les skis à la voiture.   C’est l’heure de la bière et du débriefing! Il s’en est fallu d’un cheveu  pour que le contrat ne soit pas rempli.  Un peu plus de nuages, un peu moins de vent pour les évacuer et nous aurions dû déclarer forfait.

D+ : 1320 m – Durée globale : 6h40

 

Participants : Thierry Clément – Brigitte Aubert – Pascale de Larminat – Philippe Rolland – Catherine Fourrier – Marc Papet