Ce samedi matin, les gouttes d’eau étaient gelées sur les brosses des épicéas.
Bagnolage (sans pâturage) jusqu’à la limite de la neige à 1270 m, et
chaussage tout de suite, sur la neige tombée jeudi. La pluie de vendredi,
puis un regel nocturne fort opportun, avaient durci la couche supérieure du manteau.
A la montée ça portait très bien, avec une surface plutôt dure mais pas glacée.
A partir du Habert, il s’est mis à faire chaud comme au printemps. A
partir de l’altitude 2000 m, soit au niveau du changement de direction
vers le col de l’Aigleton, quelques cm de fraîche à la température de
transition, sur un fond dense et porteur (il fallait taper un peu les
skis pour marquer la neige), venaient coller sous les poils des peaux,
humidifiées par les 250 m en dessous. Le fart et la bougie ont servi
plusieurs fois, avec des effets mitigés (certains ont regretté de ne pas
avoir hydrofugé leurs peaux). Deux belus chaussés de demi-surfs, emmenés
par un pote muni de skis de rando, et dont un ne savait pas faire les
conversions et risquait de partir dans la pente à chacune d’elles, nous
ont partiellement pourri la trace (on aurait presque cru des
raquetteurs). En haut, tout était magnifiquement plâtré. Ce jour personne
n’a tenté le couloir du Pic du Pin.
La neige à la descente était excellente jusqu’à 2000 m. En dessous, ce fut
une lourdasse profonde d’anthologie jusqu’au refuge d’Aiguebelle (« un calvaire »,
comme dirait Eric, mais moins « masque et palmes » que dans la partie basse
de la face Sud-ouest du Pic de Foréant – ce coup-là reste pour l’instant, et
restera probablement, comme la pire expérience de ski nautique de la
saison). Et l’heure de descente, un peu avant, un peu après, apparemment
n’y changeait rien. Pascale et Lucas, qui avaient une grosse demi-heure
de retard sur nous, ont mangé en haut, et sont donc redescendus une
heure après nous. Et pour eux c’était exactement pareil : bonne neige
les 250 m du haut, lourdasse les 250 m en dessous. Pour finir la
descente, le grand chemin était damé comme une piste, en neige mouillée
mais bien porteuse.
A noter qu’une grosse avalanche est descendue du Jas des Lièvres et a
poussé ses moraines de neige presque jusqu’au Habert de Muret.
Des arbres assez gros sont partis avec elle. Une chenillette a
trouvé son passage entre les épicéas cassés et est montée jusqu’au
refuge. Déchaussage un peu en dessous du parking du pont du petit Bêta,
et rechaussage pour arriver à ski à la bagnole, 100 ou 200 m avant
celle-ci.
Yann